L’argent n’existe pas en tant que tel, il n’est qu’une convention sociale d’échange. Cette convention confère une valeur aux choses en étalonnant les objets, les activités, les services selon une hiérarchie qui n’a d’autre valeur que celle que lui donne la culture dominante. Ainsi, les tâches ménagères n’ont pas de valeur monétaire alors que les fonctions des cabinets de conseil auprès des grandes organisations se facturent très chèrement.
L’argent permet ainsi une organisation du monde en partageant les personnes en fonction de la quantité dont elles disposent. Quantité qui manifeste l’importance sociale de chacun, son pouvoir sur son environnement. À ce jeu de Monopoly, les pauvres sont placés tout en bas de l’échelle de la considération et de la reconnaissance. D’autant plus que le système économique les prive des moyens d’une quelconque autonomie.
Dans les situations extrêmes, la seule solution qui leur reste est de demander l’allocation de quelques subsides permettant leur survie ou la réponse à leurs besoins fondamentaux. C’est ainsi que l’argent est tout à la fois la première porte d’entrée des bénéficiaires de l’intervention sociale, le pivot central d’un plan d’aide, le moyen de mettre en œuvre un accompagnement qui dépasse les questions simplement matérielles.
L’intervention sociale, par sa fonction redistributrice (allocations, secours, prêts…), participe incidemment à la validation d’un système de valeurs qui organise les gagnants et les perdants du jeu social selon une cartographie qui est tout sauf neutre.
Que deviendrait le travail social dans une société où serait instaurée une allocation universelle et inconditionnelle à tous ses membres ? Il ne fait aucun doute que l’intervention se fonderait sur d’autres valeurs…
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