Ce « pilotage par les instruments » se révèle, à l’usage, en totale inadéquation avec la manière d’envisager les investissements de solidarité dans notre pays.
Comment justifier « au premier euro » les crédits engagés dans la protection des enfants en danger ? Alors que l’action éducative menée auprès d’eux et de leurs parents ne produira des effets réellement constatables qu’une fois que ceux-ci seront devenus adultes, intégrés à la vie sociale, devenus eux-mêmes des parents.
Comment justifier « au premier euros » les crédits qu’il faudrait maintenant mobiliser massivement dans la prise en charge de la dépendance liée au grand âge ? Surtout si on les évalue quantitativement au seul regard des personnes concernée dont l’avenir reste limité dans le temps alors que les effets produits touchent très largement au bien être des membres des familles et d’une société où il fera bon vieillir en toute sécurité malgré les aléas de l’existence.
Comment justifier « au premier euro » les crédits liés aux situations de handicap alors que ces actions dépassent largement les seules personnes pénalisées par leur situation en promouvant un environnement plus accessible, plus tolérant, plus ouvert aux différences qui forment le tissu social ?
Réduire l’analyse des investissements de solidarité à une comptabilité simpliste de recettes et dépenses ou de charges au regard de ressources toujours insuffisantes est un non-sens ! Pour l’avenir des solidarités dans notre pays, il est urgent de casser les indicateurs économiques actuels (ce fameux PIB déjà dénoncé par Patrick Viveret en 2002 dans son rapport « reconsidérer la richesse ») au profit de nouveaux indicateurs qualitatifs portant sur les effets induits, les impacts des actions, les incidences sur l’environnement des personnes, le bien-être et la qualité de vie des citoyens, etc.
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