Revenir au cœur du travail social pour favoriser l’engagement : théories et modèles d’intervention

par | Nov 14, 2025 | Droit des usagers, Fonction de direction, Organisation, Pédagogie, Education | 0 commentaires

Introduction :

L’attractivité des métiers du travail social serait en panne… et ce sont les jeunes générations qui sont interrogées car elles ne se conformeraient pas aux cadres proposés par les institutions sociales et médico-sociales. À l’inverse, ne sont-ce pas plutôt les légitimités de l’intervention sociale qu’il faudrait interroger dans une société où la notion même d’intérêt général s’estompe et met à mal la cohésion sociale pourtant affichée partout ?

La montée en puissance de la rationalité instrumentale (New Public Management, managérialisme, standardisation…) du travail social réduit à des questions techniques des enjeux qui devraient être analysés dans leurs dimensions politiques.

Un contre-feu possible à ces dérives qui remettent en cause le sens, les attentes et les missions du travail social est d’envisager une nouvelle alliance à construire entre travailleurs sociaux et bénéficiaires.

Dans un premier temps, nous analyserons les défis qui se posent aujourd’hui au travail social pour envisager les conséquences de cette situation quant à la manière de penser ses missions en situation de crise. Nous envisagerons alors un positionnement possible pour ouvrir l’avenir afin de définir une stratégie en trois volets pour redonner sens à l’engagement professionnel.

La question qui guidera notre propos est celle-ci : comment s’engager dans une tâche éducative qui fasse sens et qui réponde aux attentes des professionnel·le·s en conformité avec ce que devraient être les missions du travail social ?

  1. Quels sont les défis que le travail social doit relever pour demain ?

Les défis auxquels est confronté le travail social ne sont rien d’autre que les défis qui traversent aujourd’hui la société. Situé au cœur des problématiques sociétales, le travail social est à la fois le symptôme des dysfonctionnements et l’évaluateur des fonctionnements.

  • Un défi idéologique

Nous pouvons résumer ce défi en deux questions : Quelle conception avons-nous du vivre ensemble dans la société ? Apparaît alors dans l’ombre de cette interrogation la question suivante : Quelle conception avons-nous de la personne dans les rapports sociaux ?

Le défi idéologique[1] réside dans le fait que pour chacune de ces questions, deux tendances s’opposent :

  • Une première conception de la personne est fondée sur le fait que chacun est le produit des déterminismes qui dominent sa vie. L’individu – plus petite partie divisible d’un ensemble – est considéré comme un objet isolé dont il s’agit de maîtriser les comportements. S’engager dans l’éducation revient alors à conditionner, dresser, discipliner (Foucault, 1975).
  • Une seconde conception de la personne, diamétralement opposée, revendique que chacun est sujet, doté d’un pouvoir d’agir, capable d’autodétermination pour sa vie – c’est-à-dire gérant ses interdépendances –, doué de créativité. S’engager dans l’éducation en ce sens « n’est pas de faire mais d’éveiller des personnes. » (Mounier, 2010, p.133).

Faire société (Lafore, 2010) peut, de la même manière, opposer deux conceptions du vivre ensemble :

  • Soit la société est vue comme une méga-machine disciplinaire répondant à des lois immuables qu’il s’agit de maîtriser afin de guider les comportements grégaires de ses membres pour limiter les transgressions aux normes qui s’imposent. S’engager dans l’éducation, revient alors à formater les comportements pour que chacun entre dans les cases de l’ordre social (Gori, 2022).
  • Soit, à l’inverse, la société est perçue comme « un ensemble de rapports sociaux (…) produite par les acteurs à travers leurs formes de conflits et de coopérations. » (Touraine, 1973, p.59). S’engager dans l’éducation, sur ces bases, c’est permettre l’émancipation des capabilités des sujets sociaux (Sen, 2000).
    • Un défi écologique

De rapports du GIEC[2] en COP[3] le réchauffement climatique n’est plus une question. Les manifestations météorologiques témoignent des risques qui nous menacent. Cependant, la logique productiviste d’un capitalisme de plus en plus spéculatif ne permet pas la mise en œuvre des transitions écologiques permettant d’enrayer la spirale destructrice de notre cadre de vie, de la planète qui nous supporte.

Les premières victimes de ce saccage écologique sont les personnes vulnérables. La domination irresponsable de l’espèce humaine sur la nature est du même ordre que la domination de certains sur les classes pauvres (Pignocchi, 2025).

S’engager dans l’éducation, selon une perspective écologique, suppose de créer les conditions d’un monde durable, sobre et juste, intimement relié au vivant, à tout le vivant, et dépassant radicalement les clivages ontologiques, anthropologiques et sociologiques (Descola, 2005).

  • Un défi sociologique

Œuvrer auprès de personnes vulnérables suppose de prendre en compte toutes les causes des fragilités dont elles sont les symptômes. Une approche intersectionnelle permet d’envisager les mécanismes qui, se combinant entre eux pour générer des distinctions sociales (Ouassak, 2023). Sans être exhaustif, nous pouvons situer quelques composantes de ce tableau systémique :

  • L’approche par le genre met en lumière la domination imposée aux femmes par une société patriarcale.
  • Elle dévoile également toutes les marginalisations et stigmatisations résultant de l’hégémonie de l’hétéronormativité.
  • L’approche par les analyses critiques du post-colonialisme révèle les hiérarchisations ethniques, religieuses, territoriales… qui font aujourd’hui le lit des populismes politiques xénophobes et élitistes.
  • L’approche par les droits culturels manifeste les clivages qui traversent le corps social en valorisant le capital social de certains et rejetant dans les limbes les cultures minoritaires, marginales ou dissidentes.
  • L’approche par les sciences politiques démontre la totale iniquité de la répartition du pouvoir dans la société et de ceux qui l’exercent. Ce que les dominants nomment une « fatigue démocratique » est en fait une confiscation des leviers d’action au profit exclusif de quelques-uns.

S’engager dans l’éducation au cœur de ces défis sociétaux suppose d’intégrer la complexité des phénomènes et leurs interactions (Morin, 2008) qui forment les supports sur lesquels prendre appui et le contexte dans lequel les personnes accueillies ou accompagnées doivent s’émanciper.

  • Un défi économique

Nous vivons dans un monde de plus en plus inégalitaire où la pauvreté ne diminue plus depuis les années 90 (700 millions de personnes vivent avec moins de 1,9 $/jour, 1 personne sur 11 ne mange pas à sa faim[4]). En France, les inégalités se creusent. La pauvreté augmente depuis le milieu des années 2000 (9,8 millions de personnes en-dessous du seuil de pauvreté – 60% du niveau de vie médian – soit 15,4% de la population)[5]. Depuis 2019, la fortune des milliardaires français a augmenté de plus de 24 milliards d’euros au total, soit +13 millions d’euros par jour !

La capacité à relever ce défi des inégalités économiques est compromis par l’effet ciseau entre un État étranglé par ses dettes (faute d’avoir fait des choix politiques en matière de recettes) et des sociétés capitalistes qui génèrent des dividendes de plus en plus colossales (2024 a été une année record pour les groupes du CAC 40 avec 98,2 milliards redistribués soit une augmentation de 60 % par rapport à 2019).

S’engager dans l’éducation dans ce monde ne peut s’envisager sans intégrer la nécessité d’une analyse critique de ce système néolibéral (Dardot et Laval, 2010).

  • Un défi scientifique

L’épisode du COVID-19 a révélé la relativité des fondements scientifiques de nos connaissances. Des controverses se sont engagées contre la politique vaccinale et des oppositions de tout genre contre les causes analysées de la pandémie. Des apprentis sorciers ont parfois occupé le devant de la scène au détriment d’une vraie controverse scientifique sur les conduites à tenir. En arrière-plan de ces polémiques nous assistions à la consécration de la pensée scientiste déjà résurgente depuis de nombreuses années. L’axiome scientiste repose sur la conviction que la science apportera l’explication ultime et indiscutable de tous les phénomènes. Il alimente l’illusion d’une toute puissance (transhumanisme, pensée simplificatrice du monde complexe, liens de causalité mécaniques…).

Le défi est d’opposer à cette rationalité instrumentale – nourrie par le mythe de découvrir le dispositif parfait qui réglera les problèmes – une approche scientifique fondée sur la dispute et la controverse qui permet d’évaluer les tenants et aboutissants de toute situation sans transcendance explicative (Corcuff, 2004).

S’engager dans l’éducation dans ce contexte, et en résistance à la simplification des savoirs, suppose de former les enfants et les jeunes à la discussion et au débat.

  • Un défi démocratique

Déjà évoqué plus haut, l’inégalité d’accès aux instances de gouvernance de notre société constitue un défi où les pratiques éducatives – en référence à l’éducation populaire – tiennent une place privilégiée.

Les classes populaires n’existent pas dans le dispositif français de démocratie représentative : 60 % des députés français sont des cadres et des professions intellectuelles supérieures (alors que cette catégorie ne représente que 21,6 % de la population), moins de 1 % sont d’origine ouvrière (alors que cette catégorie représente 19,1 % de la population)[6]. Les mêmes constats peuvent être faits aux différents niveaux des institutions de la République française.

Éduquer dans un contexte démocratique essentiellement rythmé par une participation trop souvent limitée aux échéances électorales (elles-mêmes marquées par des taux d’abstention qui en disent long sur l’état des pratiques démocratiques) implique de permettre aux enfants et aux jeunes de faire, à leur échelle, l’expérience positive d’une participation à la vie et au fonctionnement des institutions qui les accompagnent (Dubreuil et Janvier, 2018).

  1. Quelles conséquences pour le travail social ?

Ces défis ont des conséquences directes sur le statut et la légitimité du travail social dans la société. Cet aspect n’est pas nouveau, déjà, en 1982, Nicole Questiaux, Ministre de la Solidarité Nationale écrivait : « L’action sociale a un rôle capital à jouer pour réassurer les solidarités malmenées et permettre à ces populations de redevenir des acteurs sociaux.[7] »

L’analyse vise à montrer l’interactions étroite qu’il y a entre les mouvements qui secouent la société et la manière de penser les missions et le fonctionnement de l’action sociale.

  • Une crise systémique sans précédent

Le travail social, en France, connaît une crise sans précédent. Pour ne livrer que quelques éléments de ce sombre tableau de la France :

  • La prise en charge de la dépendance liée au grand âge attend, depuis de nombreuses années, une loi d’orientation qui prenne enfin en compte le tsunami démographique qui nous submerge. En attendant, des réponses sont captées par le marché lucratif avec les résultats que l’on connaît (affaire Orpéa).
  • La protection de l’enfance est sinistrée. Les mesures de placements d’enfants ont explosé depuis le COVID sans interroger un dispositif apparaissant de plus en plus obsolète dans ses méthodes et impuissant dans ses résultats. Les listes d’attente s’allongent dans tous les départements laissant nombre de famille sans soutien et sans réponse.
  • L’aide à domicile ne parvient plus à remplir ses missions. De réforme en réforme, l’insuffisance des budgets ne parvient pas à combler les déficits qui se creusent et à traiter dignement les intervenantes qui sont sous-rémunérées.
  • La lutte contre les exclusions vit une crise à deux niveaux qui se renforcent : D’une part, une insuffisance de places face à une explosion des problèmes de logement (350 000 personnes sans domicile, 2,7 millions de ménages en demande de logement social en 2024[8]). D’autre part, « une rupture historique dans la philosophie des droits sociaux[9]» du fait d’un renforcement des sanctions envers les demandeurs d’emploi, de nouveaux devoirs pour les allocataires du RSA, d’une conditionnalité renforcée de l’accès aux aides…
  • Les associations relevant de la loi de 1901, portant plus de 80 % des actions de solidarité sont en difficultés par l’effet croisé de l’augmentation des charges (salaires liés à l’effet Ségur, énergies, augmentation des demandes, aggravation des situations à prendre en charge) et de la réduction des subventions et des tarifs. Une enquête du Mouvement Associatif montre, tous secteurs d’activité confondus, que 70% des associations ont des fonds propres fragiles ou nuls, 30% ont moins de 3 mois de réserve de trésorerie estimant à 90 000 le nombre d’emplois menacés. « Restrictions budgétaires et baisses drastiques des subventions menacent le tissu associatif breton. Sur les 80 000 associations maillant le territoire, un tiers d’entre elles se posent la question de leur survie dans les trois mois.[10]»
  • De plus, le travail social connait une crise d’attractivité de ses métiers. Dès 2023, le nombre de postes vacants est estimé à 35 000, situation qui s’est aggravée depuis[11].

Tous ces paramètres contribuent activement à une perte d’intérêt pour les métiers de la solidarité. Les jeunes professionnel·le·s qui s’engagent avec une motivation qui donne sens à leur projet voient leurs attentes déçues.

  • Une perte de légitimité

Le social coûte trop cher ! (« La politique sociale, regardez : on met un pognon de dingue dans des minima sociaux, les gens ils sont quand même pauvres.[12] »). L’action sociale est née dans le giron du principe républicain de la solidarité nationale plaçant le travail social dans une situation paradoxale : sa mission est à la fois d’assurer un ordre social tout en promouvant l’émancipation démocratique des individus et des groupes (Autès, 1999). Mais au-delà de cette tension assumée même si elle crée un flou identitaire, c’est la conversion de l’État au New Public Management qui a atteint, de plein fouet, la légitimité du travail social.

Avec cet alignement de l’État sur le modèle de l’entreprise, un euro investi doit produire un résultat mesurable[13]. C’est le mythe de la performance qui s’impose. De plus, les vertus des mises en concurrence peuvent s’appliquer à tous les plans des activités humaines, dont le sanitaire et le social[14]. Selon cette logique, les activités de solidarité s’ouvrent au secteur lucratif (Chauvière, 2007) avec les résultats que l’on sait[15].

Ainsi, loin d’être un investissement pour l’avenir d’une société plus inclusive, le travail social devient une charge qu’il faut maîtriser, voire réduire. Les cadrages budgétaires ne permettent plus de répondre à l’inflation des besoins (2 159 enfants à la rue en août 2025[16], augmentation de 15% des mesures d’Aide Sociale à l’Enfance entre 2017 et 2023[17]).

  • Une instrumentalisation

La conséquence de ces tendances lourdes est la multiplication des instruments de contrôle visant à maîtriser l’activité. Cette forme de gouvernance par les instruments (Lascoumes et Le Galès, 2004) tend à transformer les organisations chargées de la mise en œuvre des politiques sociales en de simples outils d’intervention. La normalisation rampante a pour effet une standardisation des pratiques.

Parmi les dispositifs technocratiques qui participent de ce mouvement, nous pouvons citer pour exemple :

  • Le référentiel d’évaluation émanant de la Haute Autorité de Santé qui s’impose à tous les établissements et service, quelle que soit leur activité et leur public, avec une grille unique de mesure des activités qui fait penser à une simple liste de cases à cocher.
  • La réforme de la tarification des structures du champ du handicap, SERAFIN-PH[18], prétend classer les actions en référence à une nomenclature des besoins à laquelle correspond une nomenclature des réponses selon un modèle cause/effets très mécaniste.
  • Les Recommandations de Bonnes pratiques Professionnelles édictées par la HAS, non-opposables en droit, deviennent de plus en plus coercitives pour les établissements et services sociaux et médico-sociaux.
  • Le dispositif des appels à projets instauré par la loi HPST initie une uniformisation des réponses via les cahiers des charges rédigés, souvent sans concertation, par les autorités compétentes.

Les acteurs de terrain des politiques sociales tendent ainsi à devenir de simples opérateurs de dispositifs techniques et perdent progressivement le sens de leur mission (Chognot, 2020). Les professionnels de terrain se plaignent de passer plus de temps dans des tâches de reporting, confinés devant l’écran de leur ordinateur, qu’en face-à-face avec les personnes. Comment maintenir un engagement dans ces conditions ?

  1. Comment le travail social peut-il se positionner face à ces défis ?

À la suite de ces constats, entrons maintenant dans un volet plus stratégique de l’analyse pour envisager le positionnement du travail social au cœur de ces défis. Car la réponse à apporter pour ouvrir un avenir crédible au travail social suppose de réviser en profondeur son récit par un nouveau plaidoyer politique, son cadre institutionnel et ses organisations.

  • Développer un plaidoyer politique

Les questions sociales ne sont pas de simples questions techniques. Cette réduction instrumentalisante des problématiques sociales à des réponses formelles et standardisées est incompatible avec l’essence même de la vie en société, sauf à s’aligner sur le monde infernal décrit par Georges Orwell (2018). Toute vie en société est dominée par l’aléa des rapports de forces qui la traversent en permanence, par la dialectique des rapports entre individus et société (Élias, 1991). Bref, toute question sociale est une question politique !

Le travail social, loin d’être une simple œuvre réparatrice des dommages collatéraux provoqués par la société (Lafore, 2024), vise les objectifs qui lui sont assignés dans le Code de l’Action Sociale et des Familles dont voici la définition légale :

« Le travail social vise à permettre l’accès des personnes à l’ensemble des droits fondamentaux, à faciliter leur inclusion sociale et à exercer une pleine citoyenneté. Dans un but d’émancipation, d’accès à l’autonomie, de protection et de participation des personnes, le travail social contribue à promouvoir, par des approches individuelles et collectives, le changement social, le développement social et la cohésion de la société. Il participe au développement des capacités des personnes à agir pour elles-mêmes et dans leur environnement.[19] »

C’est donc par une dynamique de plaidoyer politique qu’est attendu le travail social : revendiquer, pour tous, la promotion d’une société d’égalité, de justice et de respect de chacun. Cette orientation s’oppose aux tendances actuelles d’un contrôle étatique étroit sur les pratiques (Boucher, 2022). S’engager dans le travail social signifie alors s’engager dans la construction d’un nouveau projet de société.

  • Réviser les structures institutionnelles

Mais il ne suffit pas d’affirmer la fonction éminemment politique du travail social, travail du social, travail inscrit dans l’action publique (Chauvière, 2004). Encore faut-il que cette ambition soit soutenue par des institutions qui manifestent cette finalité de promotion de la citoyenneté des personnes accompagnées par les établissements et services sociaux et médico-sociaux.

Sur ce plan, les marges de progrès sont encore très (trop) importantes. L’institution du travail social – à entendre ici comme le cadre de Loi qui donne sens au vivre ensemble – n’est pas au rendez-vous des ambitions politiques qui forment la ligne d’horizon de ses légitimités. Elle reste marquée par ses origines liées à l’assistance publique, formant un modèle qui « demeure encore encastré dans les logiques de la charité, de la philanthropie ou du contrôle social du passé. » (Lafore, op. cit. p. 99).

Pour ne prendre appui que sur le droit positif français qui organise le cadre institutionnel du travail social, nous constatons que l’éventail législatif persiste à catégoriser les bénéficiaires (Cf. l’enjeu de la dépendance qui n’emporte pas les mêmes conséquences selon l’âge – avant ou après 60 ans), à induire une hiérarchie sournoise entre eux (Cf. le traitement différencié des situations d’exil selon les causes économiques, climatiques ou politiques de celui-ci), à maintenir des « trous dans la raquette » pour certains publics (Cf. le traitement des personnes queer dans certains dispositifs de protection comme l’enfance).

L’injonction à la transformation de l’offre, au virage ambulatoire, à promouvoir une société inclusive, qui pourrait régénérer les cadres institués, apparaît souvent comme un vœu pieux qui ne parvient pas à modifier les fondements du travail social. Il s’agit donc de repenser le cadre de droit dans lequel s’inscrit l’institution du travail social. De la refonder comme condition préalable et incontournable, de la cohésion sociale. L’objectif est de réinstitutionnaliser le travail social face aux prescriptions visant sa désinstitutionnalisation[20].

  • Repenser les organisations

Les organisations sont le bras armé du cadre institutionnel. Elles ont pour rôle d’opérationnaliser les ambitions dont est investi le travail social (Dewerdt, 2025). C’est à tous les niveaux des établissements et services sociaux et médico-sociaux qu’il faut repenser le fonctionnement, les liens, les activités et leur évaluation.

En premier lieu, le management doit être interrogé (Dupuis, 2018, Deshaies, 2014), et réinvesti dans sa dimension éthique (Janvier, 2017, Monteil, 2016). Mais c’est aussi la manière de penser l’organisation qui doit être revue (Janvier, 2025) ainsi que les modes de gestion de celle-ci (Eynaud et França Filho, 2019).

Le cœur des enjeux de transformation des organisations du travail social se situe autour de la participation des personnes accueillies ou accompagnées (Janvier et Matho, 2011) et particulièrement de la manière dont s’instaure un rapport d’usage entre celles-ci et les dispositifs qui leur sont destinés (Janvier, 2018). C’est ce point qui semble être l’appui le plus solide dont nous disposons pour repositionner le travail social au cœur des défis qui se présentent à lui, pour permettre de lui redonner sens afin qu’il réponde aux attentes tant des professionnel·le·s que des bénéficiaires, pour susciter l’engagement des acteurs.

  1. Quelle stratégie pour redonner sens à l’engagement professionnel ?

La participation pleine et entière des personnes concernées au développement du travail social suppose une stratégie au service d’un véritable changement de paradigme. Nous proposons ici trois leviers stratégiques pour redonner sens à l’engagement professionnel.

  • La stratégie de l’hybridation

Avec le concept d’hybridation, nous nous référons aux travaux de Gabrielle Halpern (2019). Sa thèse s’appuie sur l’image du centaure :

« Le centaure n’est pas « ou un cheval ou un homme », il n’est pas « un cheval et un homme », il est une tierce réalité qui nous contraint à imaginer une troisième case pour l’accueillir » (Halpern, op.cit. p.24).

C’est dans cette troisième case que le « travail social-centaure » peut retrouver du sens. Ni agent de l’ordre social instrumental auquel certains voudraient le cantonner, ni dispositif superflu et dispendieux dans une société de marché dominée par la régulation de la libre concurrence, le travail social est à la fois acteur de cohésion sociale – un terme un peu différent pour parler d’un lien social organisé – et acteur d’une économie qui regroupe le marché, la réciprocité et la redistribution comme l’a conceptualisé Karl Polanyi.

Cette stratégie de l’hybridation nous fait quitter la dictature du « ou » pour la dynamique du « et » qui est la condition de la créativité. Créativité que Gabrielle Halpern lie étroitement avec « les principes de l’altérité et de la contradiction, qui fonctionnent non pas par analogie, mais par associations d’idées. L’identité est exclusive : je suis ceci ou je suis cela. L’altérité et la contradiction sont inclusives : je suis ceci et cela. L’identité est l’univers du « OU » ; tandis que l’altérité et la contradiction sont celui du « ET ». » (Ibid. p.141).

Autrement dit, et pour faire lien avec notre propos, le travail social doit construire sa nouvelle légitimité non pas sur un consensus (l’identité) mais sur les lignes de faille qui traversent la société (l’altérité et la contradiction). Les ornières dans lesquels il est aujourd’hui englué viennent de ce mythe d’une société harmonieuse et parfaite que le travail social pourrait contribuer à réaliser.

C’est grâce à ses dé-coïncidences (Jullien, 2020), à ses écarts (Jullien, 2012) que le travail social peut retrouver / renouveler un sens, peut surtout « penser » le sens de ce qu’il est :

« Partout, dans les entreprises, dans la jeunesse, dans les discours politiques, nous entendons le même refrain : il faut donner du sens, redonner du sens, du sens, du sens. Mais même ce mot a perdu son sens… C’est parce que nous raisonnons, au lieu de penser, que la réalité – et nous-mêmes par la même occasion – n’a aucun sens. Et comme nous avons refoulé, rejeté, puis tenté d’annihiler les centaures, c’est-à-dire une part importante de la réalité, nous nous sentons un peu perdu. » (Halpern, op.cit. p.93).

C’est sur la base de cette hybridation des éléments disparates qui composent le travail social que nous pouvons penser, à nouveaux frais, la relation entre professionnels et usagers. Car c’est sur ce point essentiel du travail d’accompagnement que peut se jouer la refondation d’un sens du travail et donc de l’engagement des acteurs (Ion, 2012, Benasayag et Del Ray, 2011).

  • La stratégie de l’alliance

Hybrider ne signifie pas confondre. Par ce processus, une interaction se crée entre les éléments qui s’hybrident. Gabrielle Halpern parle de « métamorphose réciproque ». C’est de cela qu’il s’agit pour redonner sens à l’engagement professionnel par la transformation de la relation entre intervenants sociaux et bénéficiaires (Dartiguenave et Garnier,1998).

Le concept d’alliance ouvre une voie pour refonder la légitimité de l’accompagnement de personnes vulnérables par des travailleurs sociaux (Janvier, 2025). En effet, il semble maintenant vain de vouloir renouveler les cadres conceptuels du travail social en attendant après une légitimité descendante qui serait octroyée aux acteurs de terrain par les décideurs de politiques sociales. Ceux-ci sont trop loin des réalités vécues dans les territoires, empêtrés qu’ils sont dans des contraintes budgétaires qui stérilisent les ambitions. C’est par un mouvement ascendant qu’un nouveau référentiel d’action peut retrouver du sens. Car c’est dans la relation qui se noue, au quotidien, au front des problèmes, dans l’expérience d’altérité entre intervenants sociaux et personnes accueillies ou accompagnées que réside la force du travail social. Cette démarche d’hybridation porte un potentiel subversif, c’est-à-dire une capacité transformatrice des cadres de l’action.

Le concept d’alliance nous intéresse ici par ce qu’il signifie de la nature des relations. Pour faire alliance, il faut associer des entités différentes, différenciées, qui s’unissent pour un but commun malgré des divergences d’intérêts qui les caractérisent. L’alliance constitue le cœur du lien social. Chez Émile Durkheim, elle participe à la solidarité mécanique qui cimente les communautés. L’alliance se caractérise par un jeu de don et de contre-don (Mauss, 1925). En sciences politiques, elle identifie les associations qui se constituent autour d’intérêts communs. En théologie, elle marque le lien particulier de Dieu avec son peuple dans la bible.

L’alliance à construire entre usagers et professionnels porte toutes ces significations. Elle n’assimile pas les uns et les autres mais se fonde sur le respect et la reconnaissance des places et des rôles. Elle crée les conditions d’un lien social qui dépasse les clivages et les stigmatisations. Elle induit l’idée que la relation d’aide n’est pas à sens unique mais représente la mobilisation des parties prenantes dans un lien de réciprocité. Elle se fonde sur une vision politique du travail social qui vise à créer des rapports de forces pour résister aux distinctions et aux exclusions. Elle marque un nouvel horizon relationnel entre des catégories sociales qui, jusque-là, se sont construites, au plan identitaire, par une hiérarchisation des statuts.

Par cette alliance, le mouvement des légitimations s’inverse. La capacité à faire alliance au plus près des problèmes, là où ils émergent, entre individus ou entre collectifs, initie une modification des rapports de pouvoir.

Les conséquences pratiques de cette nouvelle alliance, supposent d’abord la mise en œuvre effective, dans tous les établissements et services sociaux et médico-sociaux et sans restriction, des dispositions du Code de l’Action Sociale et des Familles visant la participation des usagers. Le but est d’associer toutes les parties-prenantes au fonctionnement de l’établissement (partage effectif des décisions relevant de l’organisation de la vie quotidienne), de créer les conditions d’une réelle coopération avec les professionnels (relations paritaires dans certaines instances, pair-aidants, travailleurs pairs…). Mais au-delà, des instances de co-construction sur les grandes orientations sont à créer avec une participation réelle des usagers (commission locaux, finances, budgets, contrats et conventions…). L’évaluation doit être bâtie, pilotée et analysée avec les personnes concernées. Une démarche fondée sur l’alliance entre professionnels et usagers impliquerait les usagers dans la gestion des ressources humaines (participation au recrutement des salarié·e·s qui s’occuperont d’eux) aux décisions budgétaires (co-construction des budgets, présence de représentant·e·s des usagers lors des négociations avec les services financeurs). Les organisations du travail social devront alors réfléchir à la manière d’associer les bénéficiaires à l’élaboration du projet selon le principe « rien pour eux sans eux » (participation aux instances décisionnelles) et, en conséquence, aux modalités d’inscription des usagers dans la gouvernance de l’organisme gestionnaire (soit des sièges au conseil d’administration, soit une articulation les intégrant comme un conseil de surveillance).

Par l’effet ascendant d’une alliance réalisée sur le terrain, se promeut naturellement une inscription des établissements sociaux et médico-sociaux dans la vie de la cité, les incitant à prendre position publiquement sur les enjeux d’une société inclusive, à être actifs dans la délibération des politiques sociales.

Nous percevons comment ce processus, d’un genre nouveau, permettrait de régénérer les motivations professionnelles, le sens de l’engagement des jeunes travailleurs sociaux, manière de répondre à leur attente de sens.

  • La stratégie de l’aller-vers

Une fois convenue la stratégie de l’alliance, la question qui reste pendante est celle du « comment faire ». Pour créer les conditions d’une nouvelle alliance, il nous faut repenser la manière dont se nouent les contacts entre intervenants et bénéficiaires tant dans la relation duelle qu’avec des communautés sociales de personnes vulnérables ainsi que les lieux de cette prise de relation.

L’aller-vers n’est pas une notion nouvelle en travail social même si elle a été récemment remise au goût du jour en France avec la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté[21]. L’aller-vers constitue même l’ADN du travail social avec les approches centrées sur la personne (case-work) et les théories de l’empathie de Karl Rogers.

De nombreuses initiatives ont marqué l’histoire du travail social. Elles reposent sur la démarche d’aller à la rencontre des personnes là où elles sont : les clubs et équipes de prévention spécialisée avec leurs éducateurs de rue ; le SAMU social avec ses maraudes ; les équipes mobiles diverses (psychiatrie, médico-social, lutte contre les exclusions…) ; etc. (Avenel, 2021).

Ce qui est nouveau aujourd’hui, c’est le contexte dans lequel nous réfléchissons une démarche d’aller-vers (Janvier, 2023). D’une part, les dispositifs d’intervention et d’accompagnement social constatent qu’ils ratent, pour une part, leurs cibles (Cf. les pourcentages de non-recours et les « invisibles » du travail social). D’autre part, les logiques de guichet atteignent leurs limites face à des usagers qui revendiquent de jouer une part active dans les processus d’accompagnement.

L’aller-vers apparaît comme une solution pour renouveler les pratiques. Mais l’effet de mode ne doit pas empêcher une vigilance critique. Aller-vers ne consiste pas à simplement déplacer le guichet. C’est la logique institutionnelle elle-même qui doit être revue : ne plus attendre l’usager dans notre zone de confort mais prendre le risque d’aller à sa rencontre. Aller-vers ne consiste pas plus à conquérir de nouveaux territoires d’intervention. Ce n’est pas la toute-puissance réparatrice du travailleur social qui est attendue mais l’humilité avec laquelle il est capable de se fondre dans les territoires. Ce n’est pas non-plus le dédouanement des organisations qui se donneraient bonne conscience en expédiant quelques agents en dehors de leurs murs. C’est la capacité des organisations à refonder leurs pratiques en abolissant les séparations dedans/dehors. Ce n’est pas, enfin, la dilution des missions du travail social dans une société sans repères pour le vivre ensemble que l’aller-vers doit laisser faire. Cela suppose une redéfinition argumentée des tenants et des aboutissants du travail social dans une société en mutation.

Pour éviter ces dérives, l’aller-vers gagnera à se fonder sur une théorie documentée de l’alliance.

Conclusion

Revenir au cœur du travail social pour favoriser l’engagement ne dépend pas de l’attente de la réforme qui inaugurerait une révolution. L’engagement repose sur ce qui se noue là où est la vie des gens, là où une alliance est possible.

Cette nouvelle alliance à construire entre travailleurs sociaux et usagers est la condition d’une rencontre dans laquelle chacun quitte sa zone de confort pour permettre à l’altérité de déployer tous ses potentiels. L’alliance est une dynamique du faire ensemble qui s’affranchit des standardisations organisationnelles. Elle n’est pas une conquête d’espaces sociaux marginalisés mais une mobilisation citoyenne. Elle ne hiérarchise pas une relation entre aidant et aidé mais joue la carte de la parité des parties prenantes. L’alliance suppose essentiellement que les organisations du travail social créent les conditions de sa possibilité, c’est-à-dire abandonnent leurs prérogatives de définir, par le haut, ce qu’il convient de faire à la place d’autrui pour ouvrir la voie d’une délibération permanente sur les projets tant individuels que collectifs. Enfin, l’alliance est le ferment d’une redéfinition de ce que doit être le travail social dans notre société contemporaine.

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[1] Idéologie : Ensemble plus ou moins cohérent des idées, des croyances et des doctrines philosophiques, religieuses, politiques, économiques, sociales, propre à une époque, une société, une classe et qui oriente l’action. (Centre National des Ressources Textuelles et Lexicologiques).

[2] Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’évolution du climat

[3] Conference Of Parties (conférence des parties en français)

[4] Source Oxfam : https://www.oxfamfrance.org/inegalites-mondiales/#:~:text=Un%20monde%20toujours%20plus%20in%C3%A9galitaire,de%20scolarit%C3%A9%20de%20ses%20enfants.

[5] Source Observatoire des inégalités : https://www.inegalites.fr/evolution_pauvrete_annuelle#:~:text=Mais%20il%20est%20vrai%20que,au%20milieu%20des%20ann%C3%A9es%202000.

[6] Source France-Info : https://www.franceinfo.fr/elections/legislatives/infographies-elections-legislatives-2024-age-genre-csp-visualisez-le-nouveau-visage-de-l-assemblee-nationale-en-quatre-graphiques_6671280.html

[7] Circulaire du 28 mai 1982, Orientations principales sur le travail social : https://shs.cairn.info/revue-vie-sociale-2012-3-page-13?lang=fr

[8] Source Fondation pour le logement des défavorisés : L’état du mal logement en France, Rapport annuel 2025 #30.

[9] UNIOPSS-URIOPSS, Rentrée sociale des associations sanitaires, sociales et médico-sociales, 2025-2026, septembre 2025.

[10] Ouest-France – Maville, 10 octobre 2025 : https://brest.maville.com/actu/actudet_-restrictions-budgetaires-l-avenir-d-un-tiers-des-80-000-associations-bretonnes-menace-a-court-terme-_dep-7014185_actu.Htm

[11] AXESS, Attractivité des métiers du secteur sanitaire, social et médico-social privé non-lucratif. 2ème édition du baromètre des tensions de recrutement – 2023. Avril 2024.

[12] Emmanuel Macron, cité par Libération, 13 juin 2018.

[13] Loi organique relative aux lois de finances (LOLF) du 1er août 2001.

[14] Loi Hôpital Patient Santé et Territoire du 21 juillet 2009.

[15] Cf. les livres de Victor Castanet : Les fossoyeurs (Fayard, 2022) sur le scandale Orpéa et Les ogres (Flammarion 2024) sur les crèches lucratives.

[16] Source : Baromètre « Enfants à la rue » FAS – UNICEF

[17] Source : DREES « L’aide sociale à l’enfance. Édition 2025. Bénéficiaires, mesures et dépenses départementales associées », juin 2025.

[18] Services et établissements : réforme pour une adéquation des financements aux parcours des personnes handicapées.

[19] Art. D. 142-1-1 (c’est nous qui soulignons).

[20] Mais nous ne parlons pas ici des mêmes notions. La volonté de désinstitutionnalisation portée par l’Europe et la commission des droits des personnes handicapées de l’ONU concerne en fait les établissements et services, pas le cadre de droit qui est toujours référé aux Droits de l’Homme et à la Convention relative aux droits des personnes handicapées.

[21] Délégation interministérielle à la prévention et la lutte contre les pauvretés, Ministère des solidarités et de la santé, Octobre 2018.

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Présentation de l’auteur

Roland JanvierRoland JANVIER, chercheur en sciences sociales, titulaire d’un doctorat en sciences de l’information et de la communication.
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