
– « Tu ne peux pas parler ainsi d’une de tes clientes, ce n’est pas professionnel »
La réponse de cette collègue laisse l’assistante de service social dans le vide. À qui, comment, où et quand peut-elle parler des ressentis que font naître en elle les situations professionnelles qu’elle rencontre au quotidien ? Pas d’interlocuteur en dehors de sa hiérarchie, pas de processus de mise au travail des « feed-back » vécus, pas de lieu dédié à un travail sur les impacts émotionnels du travail auprès des usagers, pas de temps préservé dans un système de production en flux tendu.
Dans les organisations du travail social, l’absence (ou la rareté) de temps de supervision et d’analyse, individuels et collectifs, qui permettraient aux travailleurs sociaux la nécessaire prise de recul sur leurs pratiques est une forme de violence qui s’exerce sur eux. Violence qui risque alors de se transmettre en direction des bénéficiaires. Car si on ne peut mettre en mots la tension, on « ne la supporte plus ».

Retrouvez toutes les informations à propos de Roland JANVIER sur la page à propos.


