Questions (en vrac) autour du travail social : 26. De quels « manageurs » a-t-on besoin pour le travail social ?

par | Oct 30, 2023 | Opinions | 0 commentaires

Le « managérialisme » est une maladie fort répandue dans les organisations de travail. Encouragé par les exigences de productivité, il signifie une centralisation excessive du pouvoir et sa technocratisation sous l’empire des nouvelles modes langagières : lean management, slow management, re-engineering organisationnel, soft management, etc. Tous termes très « in » qui masquent en fait des formes traditionnelles d’encadrement des pratiques et de disciplinarisation des hommes. Bien entendu, ces modes n’ont pas épargné le travail social dont les organisations sont mises au défi d’améliorer leur productivité. Face à une raréfaction stratégique des dotations publiques, il est impératif de faire mieux avec moins de moyens. C’est là que le manégérialisme vient au secours de cette casse méthodique des organisations du travail social. Il promet à tous le grand soir par l’avènement de dispositifs perfectionnés garantissant l’efficience et l’efficacité pour tous et par tous.

Les professionnels de terrain, ceux qui, dit-on, sont « encadrés » par leur hiérarchie, savent pertinemment qu’ils n’ont pas besoin de ces nouvelles générations de managers.

Le travail social a besoin d’équipes de direction qui s’engagent pour :

  • Travailler collectivement selon une dynamique qui permet la prise de parole de toutes les parties prenantes de l’organisation ;
  • Animer les délibérations nécessaires pour définir le projet commun, avec et pour les usagers ;
  • Soutenir les professionnels de terrain pour leur permettre de développer au maximum leur pouvoir d’agir avec les bénéficiaires ;
  • Mettre concrètement en œuvre le principe de subsidiarité pour permettre que les décisions soient prises au plus près de ceux sur qui elles auront des effets ;

Ne plus concevoir le contrôle comme une maîtrise des « up » sur les « down » mais comme l’assurance collective des choix opérés.

S’abonner
Notification pour

0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Articles sur le même sujet

Légitimité des associations, rôle des gouvernances

Légitimité des associations, rôle des gouvernances

Introduction L’engagement des élus associatifs apparaît comme une condition essentielle à la survie des associations de solidarité. En effet, menacées de n’être plus que de simples instruments de la mise en œuvre des politiques sociales, c’est la raison d’être des...

Légitimité des associations, rôle des gouvernances

L’alliance au service du pouvoir d’agir des personnes

Introduction Pour commencer, opérons un passage par des définitions : L’autodétermination, selon la Haute Autorité de Santé, « C'est exercer le droit propre à chaque individu de gouverner sa vie sans influence externe indue et à la juste mesure de ses capacités.[1] »...

Présentation de l’auteur

Roland JanvierRoland JANVIER, chercheur en sciences sociales, titulaire d’un doctorat en sciences de l’information et de la communication.
Repolitiser l'action sociale

Shares